De l’entrée de gamme aux hauteurs vertigineuses de la haute horlogerie, le marché regorge d’innombrables chronographes.
Pourtant, qu’importe la catégorie de prix dans laquelle on cherche, le choix n’est pas aisé. C’est pourquoi nous vous présentons trois chronographes exceptionnels issus de catégories de prix très différentes, qui se distinguent par leur design et/ou leur technique. Ils ne pourraient pas être plus différents les uns des autres, mais ils ont un point commun : ils offrent une qualité supérieure à la moyenne et sortent du lot.
Tissot PRX Chronograph : une technique de haut vol à un prix abordable
Ce que de nombreuses micro-marques faisaient déjà à petite échelle, la marque Tissot du Swatch Group l’a réalisé avec grand succès avec son PRX. Les différents modèles de cette collection rendent les garde-temps en acier inoxydable façon Royal Oak et Nautilus accessibles à tous. En 35 ou 40 mm, sobre ou bicolore, la collection trois aiguilles du PRX fera le bonheur de tous ceux qui goûtent un tant soit peu à son esthétique rétro.
Pour ceux qui recherchent davantage de fonctionnalités ou un look plus sportif pour leur garde-temps, le Tissot PRX Chronograph mérite d’être examiné de plus près. Il existe plusieurs chronographes mécaniques à moins de 2 000 €, mais peu d’entre eux satisfont à autant de critères.
Le mouvement répond au doux nom de A05.H31 et la disposition des totalisateurs laisse deviner qu’il s’agit d’une variante du fameux Valjoux 7753. Sans avoir fait de concessions sur la fréquence éprouvée de quatre hertz, ETA a augmenté la réserve de marche à 60 heures en adaptant le barillet.
En termes d’étanchéité, la valeur garantie de 100 m/10 bars est plus que convaincante. Notons qu’il est entièrement dépourvu de vissage – en dépit d’une couronne et de poussoirs à étanchéifier – le chronographe PRX se porte facilement au quotidien et est simple d’entretien.
Pour finir, ce chronographe transpose joliment les codes stylistiques des célèbres icônes des années 1970. Avec ses poussoirs carrés et son bracelet métallique intégré aux maillons fuselés, il se démarque clairement de l’offre dans cette catégorie de prix. Si dans le segment d’entrée de gamme des modèles à trois aiguilles, les montres de sport en acier inoxydable du même acabit sont légion, on trouve encore assez peu de modèles abordables qui proposent une fonction chronographe.
Si vous recherchez un chronographe au look des années 1970, que vous pouvez vous accommoder du diamètre de 42 mm et du faible choix de coloris (bleu et blanc), foncez !
Grand Seiko SBGC251 : chronographe GMT avec mouvement Spring Drive
Le lancement des calibres 9SA5 (automatique) et 9RA2 (spring drive) a signé le début d’une nouvelle ère pour Grand Seiko. Peu après, la nouvelle collection et ligne directrice de design Evolution 9 a littéralement marqué une nouvelle étape dans l’évolution de la philosophie de design riche en traditions de la marque.
La collection comprend des modèles au look moderne ou sportif, dont la plupart sont animés par la dernière génération de mouvements automatiques et Spring Drive de la marque. Pour la ligne de design du même nom, Evolution 9, Grand Seiko cite trois principes fondamentaux.
Le premier principe renvoie à une évolution de l’esthétique Grand Seiko. Ceux qui connaissent la marque et en particulier la qualité de finition de ses garde-temps savent de quoi je parle : un jeu d’ombre et de lumière, matérialisé par les alternances de surfaces et de facettes polies miroir et satinées, réalisées sans distorsion et avec une grande netteté.
Le second principe consiste à améliorer la lisibilité grâce à des aiguilles à facettes encore plus prononcées. Un coup d’œil à la collection révèle qu’elles sont en effet assez différentes des aiguilles dauphines habituelles des classiques Grand Seiko.
Le troisième principe vise à optimiser le confort des garde-temps en concevant des montres avec des centres de gravité plus bas et des entre-cornes plus larges. Ce dernier point ne manquera pas de faire réagir les adeptes de Grand Seiko car, malgré tout l’amour que l’on porte à la marque, on peut faire diverses critiques aux nouveaux bracelets métalliques – pas toujours à la hauteur du prix, ni à la qualité du reste de la montre.
Dans cette collection, je vous invite à découvrir le chronographe GMT de référence SBGC251. Oui, avec ses plus de 45 mm de diamètre, il est de l’ordre du gigantesque. Et oui, son mouvement a déjà quelques années d’existence, et cela restera le cas si Grand Seiko ne nous gâte pas dans un avenir proche avec un mouvement chronographe Spring Drive de dernière génération. D’ici là, le calibre 9R86 reste le seul mouvement de chronographe doté de la technologie hybride Spring Drive (à l’exception du 9R96, dont le réglage est plus précis). Et il faut bien dire que c’est un petit miracle de savoir-faire horloger.
Une réserve de marche de 72 heures, une précision proche de celle d’une montre à quartz, mais sans pile ni batterie, une roue à colonnes, un embrayage vertical… Absolument rien ne manque à cette montre. La technologie Spring Drive offre une fonction propre aux chronographes : grâce à l’aiguille des secondes qui glisse continuellement, il est possible de chronométrer des périodes de temps à la fraction de seconde près. Une fonctionnalité qui, sur d’autres modèles, nécessite de gros efforts techniques avec des échappements à haute fréquence, mais que le SBGC251 possède de par son principe même.
Évidemment, toutes ces sophistications techniques font de cette référence une montre aux dimensions généreuses qui ne conviendra pas à tous les poignets. Si vous avez déjà caressé l’idée de porter un chronographe Grand Seiko, mais que les références classiques comme le SBGC203 sont certes remarquables, mais un chouia trop massives, le SBGC251 pourrait bien être un candidat pour votre collection. En matière de prix, le garde-temps franchit tout juste le seuil de prix à cinq chiffres.
Singer Reimagined Track 1 : l’un des chronographes les plus innovants de notre époque
En 2017, un préparateur de véhicules vintage de la marque Porsche, basé à Los Angeles, a lancé un garde-temps. Les accointances entre le monde des voitures de course et la haute horlogerie sont certes connues, mais peu des pièces issues de cette synergie atteignent un tel niveau de perfection : en plus d’arborer un design des plus léchés, la Singer Reimagined Track 1 est équipée du mouvement chronographe peut-être le plus innovant et le plus technique du marché.
Nous devons cette merveille technique au concepteur de calibres Agenhor. Jusqu’au mouvement de chronographe appelé AgenGraphe, Agenhor était surtout connu comme fabricant de modules. Toutefois, les intégrations verticales successives dans le secteur horloger menaçaient à terme de tarir ce marché. Agenhor a donc travaillé en secret sur le projet titanesque d’un chronographe dont tous les affichages seraient réalisés à partir du centre. Les designers horlogers à l’œuvre ne se sont pas contentés d’une solution a minima. Au contraire, de nombreux détails intelligents, basés sur d’anciens et de nombreux nouveaux brevets de la maison Agenhor, ont été intégrés dans ce petit chef-d’œuvre.
Parallèlement, la maison Singer souhaitait lancer sa propre montre, qui serait reconnue et appréciée à sa juste valeur. L’idée est née des échanges entre Rob Dickinson, fondateur de Singer, et Marco Borraccino, designer horloger et fin connaisseur du secteur. Le hasard a voulu que Borraccino imagine pour la future montre un affichage similaire à celui sur lequel Agenhor planchait à l’époque. Ainsi, quand Borraccino a contacté Jean-Marc Wiederrecht, alors patron d’Agenhor, la coïncidence était trop belle : le partenaire idéal pour mettre en œuvre le calibre sur lequel il travaillait depuis tant d’années surgissait comme par magie.
Mais qu’est-ce qui fait la particularité de la Track 1 et de son mouvement AgenGraphe ?
Disons-le tout net : tout, sur ce chronographe, est radical. Les trois aiguilles centrales sont toutes dédiées à la fonction chronographe, tandis que l’affichage de l’heure est relégué sur le pourtour du boîtier avec deux disques rotatifs pourvus d’index des heures et des minutes. C’est une petite aiguille fixe à 6 heures qui indique l’heure qu’il est.
Les choses deviennent vraiment intéressantes lorsqu’on se penche sur les trois aiguilles du chronographe et sur la technique qui les anime.
Le premier secret de l’AgenGraphe, qui renferme un remontage automatique, se cache derrière le cadran : à l’abri des regards, c’est là que se trouve le rotor automatique. Toutes les aiguilles sont entraînées par le palier de rotor aux dimensions généreuses. Il ne s’agit pas seulement d’un gadget technique, cela permet d’avoir une vue dégagée sur l’arrière du mouvement, qui est bien entendu joliment décoré.
Quand trois aiguilles coaxiales cohabitent sur un même cadran, il est impératif de garantir une lisibilité précise. Sur ce chronographe, cela est rendu possible non pas par une, mais par deux aiguilles sautantes : les compteurs des heures et des minutes. Des disques à cames précontraignent chacun des ressorts sur une période prolongée, ce qui garantit la régularité de la force fournie par le mouvement.
Plutôt que de recourir à un embrayage vertical qui permet d’éviter les sauts de l’aiguille lors de l’actionnement du chronographe (une technique propre aux chronographes), Agenhor a opté pour une solution inédite : un accouplement horizontal qui, à l’instar d’un accouplement vertical, fonctionne par friction plutôt que par couplage mécanique. En plus du revêtement, une roue dentée de sécurité permet d’éviter tout glissement des aiguilles, même en cas de secousses susceptibles de rompre le contact par friction pendant une fraction de seconde.
On pourrait encore citer quelques autres innovations techniques de ce chef-d’œuvre, mais vous avez probablement déjà compris : le Singer Reimagined Track 1 allie exigences maximales et perfection d’exécution.
Singer aurait pu s’en tenir à un simple chronographe Valjoux, et un design incluant des références à Porsche, mais le travail réalisé par Dickinson, Borraccino et Wiederrecht et leurs collaborateurs mérite qu’on leur tire notre chapeau.
Les prix à l’état neuf des éditions de la Track 1 parues jusqu’à présent se situent dans une fourchette de prix moyenne élevée à cinq chiffres. On trouve des exemplaires d’occasion à moins de 40 000 € sur Chrono24.
