01/23/2018
 6 minutes

Montres vintage spéciales : chronographes Tudor Oysterdate « Big Block »

Par Robert-Jan Broer
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Tudor « Big Block », Imagen: Bert Buijsrogge

Nous consacrerons chaque article de cette série à un modèle vintage en particulier ou à une collection de montres produite par le passé. Aujourd’hui, il s’agit des Tudor Oysterdate « Big Block », des chronographes relativement populaires de nos jours, ayant pourtant connu les réticences du grand public à leur sortie. Depuis la réintroduction de Tudor sur les marchés européen et américain en 2010, l’intérêt pour ses montres vintage n’a fait que grandir.

Le flair des collectionneurs de Tudor

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, Tudor n’était pas vraiment « en vogue ». Les prix des Rolex n’étaient pas aussi élevés qu’ils le sont aujourd’hui, et les amateurs de montres ne voyaient pas réellement l’intérêt d’acheter une Tudor, qui utilisait les mêmes boîtiers et les mêmes bracelets que sa grande sœur, tout en ayant recours à des calibres conçus par un tiers et non en interne. Certains collectionneurs ont néanmoins pressenti la bonne affaire et ont investi dans des Tudor Submariner et des chronographes « Big Block ». À l’époque, vous pouviez les acheter à un tarif relativement abordable, par rapport aux prix pratiqués actuellement.

Lorsque les yeux se sont braqués sur les Rolex vintage, certains collectionneurs se sont également intéressés aux Tudor vintage, plus abordables que leurs grandes sœurs. À une certaine époque, les modèles Tudor ont presque disparu des boutiques horlogères, créant ainsi une fièvre acheteuse chez les collectionneurs pendant la liquidation. Mais ces temps sont désormais révolus, Tudor ayant retrouvé ses lettres de noblesse. Un chronographe Tudor « Big Block » des années 1990 coûte actuellement près de 4000 euros, tandis que les modèles plus anciens s’achètent bien plus cher.

Mais avant de nous arrêter sur le chronographe « Big Block », revenons un peu en arrière.

Chronographes Tudor à remontage manuel

Vintage Tudor Oysterdate Chronograph
Vintage Tudor Oysterdate Chronograph

1970 : six ans avant que Tudor introduise la Prince Oysterdate, ou la « Big Block » comme la surnommaient les collectionneurs, Tudor introduisait son tout premier chronographe. Ce modèle lancé en 1970 était à remontage manuel et portait le nom de chronographe Oysterdate. La montre de 39 mm de diamètre arborait une lunette tachymétrique graduée fixe en acier inoxydable ou noire. La troisième version avec lunette tournante n’a jamais été commercialisée mais peut être consultée dans les archives de Tudor. Ces montres référencées 7031/0, 7032/0 et le modèle jamais produit 7033/0 constituaient les premiers chronographes produits en 1970. Ces versions étaient équipées du mouvement à remontage manuel Valjoux 7734.

Même si le boîtier ressemble à celui de la Rolex Daytona, le chronographe Tudor est plus large (39 mm de diamètre) que celui de la Daytona (37 mm). Le chronographe Tudor a toujours arboré un guichet de la date, à l’inverse de la Daytona qui n’en a jamais eu.

Tudor Oysterdate Chronograph
Tudor Oysterdate Chronograph, Photo : Christopher Beccan

En 1971, Tudor propose une nouvelle génération de chronographes : les séries 7100, plus connues auprès des collectionneurs sous l’appellation « Monte Carlo ». La marque troque le calibre Valjoux 7734 contre le 234, à remontage manuel également, mais qui bat à une cadence plus soutenue (21 600 A/h contre 18 000 A/h) et rend la montre plus précise. Trois nouvelles références sont introduites, éclipsant ainsi les précédentes.

Elles se distinguent majoritairement par leurs couleurs et leur lunette (tournante ou à échelle tachymétrique graduée). Ces trois références ont fait partie du catalogue de Tudor un peu plus longtemps que les premières versions. En réalité, lorsque Tudor a introduit la « Big Block » en 1976, elles sont restées au catalogue pendant toute une année encore.

Tudor « Big Block »

La troisième génération de chronographes Tudor a été surnommée « Big Block » en raison de l’épaisseur de ses boîtiers. Le mouvement automatique, basé sur le calibre Valjoux (désormais ETA) 7750, nécessite plus d’espace que le mouvement à remontage manuel 234, d’où le boîtier plus épais.

Le cadran de la montre change radicalement, passant du chronographe bicompax au chronographe tricompax pour coller à l’esthétique caractéristique du Valjoux 7750 et à ses compteurs à 12, 9 et 6 heures, ainsi qu’au guichet de la date à 3 heures. S’inscrivant dans la lignée de toutes les montres Rolex à date (exception faite de la Sea-Dweller à l’époque), le chronographe Tudor arbore une loupe Cyclope pour agrandir la date de deux fois et demi.

Tudor Big Block Chronograph "Monte Carlo"
Tudor Big Block Chronograph « Monte Carlo »

Le cadran de la référence 9430/0 se déclinait en plusieurs variations, incluant les versions « Monte Carlo » et « Exotique » pour ses touches d’orange et de noir. Les nouveaux cadrans affichent également l’inscription « Automatic Chrono Time » sous le compteur à 6 heures.

Il existait plusieurs versions de la Big Block, parmi elles le modèle introduit en 1980 (9420/0) affichait des protège-couronne de forme carrée. Cette montre arborait un cadran bleu et gris avec des marqueurs peints, et a vite obtenu le surnom « Exotique » elle aussi. Le modèle était pourvu d’une lunette bleue en Plexiglas, similaire à celle de la version 7149/0. Jusqu’en 1992, la couronne de remontage et les bracelets étaient conçus par Rolex, avant que Tudor décide de produire ses propres bracelets.

Fini le Plexi

En 1989, Tudor sort une version évoluée de son chronographe. Le modèle 79100 venait remplacer les références 94×0. Seuls quelques rares changements esthétiques s’affichent sur le cadran. Le changement majeur arrive en 1992 avec l’introduction du premier bracelet signé Tudor, comme mentionné précédemment. Jusqu’en 1995, tous les chronographes Tudor étaient équipés de Plexiglas.

Les séries 79100 de la Tudor Big Block étaient les dernières munies de Plexiglas. Dans la seconde moitié des années 1980, Rolex avait déjà commencé à utiliser le verre saphir pour ses montres de sport. La Tudor 79100 est la dernière référence connue sous le nom Big Block.

Et la Big Block devient Prince

Tudor Prince Date Chronograph
Tudor Prince Chronograph – Voir les offres sur Chrono24

En 1996, Tudor dévoile un changement majeur dans la conception de son chronographe. Cette année-là, Tudor présente la référence 79200. Pour compléter l’introduction du verre saphir, l’esthétisme des boîtiers a été légèrement revu afin qu’ils revêtent une forme plus ronde et plus élégante, les rapprochant ainsi de la Rolex Daytona 16520. La 79200 n’est pas considérée comme une Big Block, il s’agit officiellement du chronographe Prince Oysterdate.

Le mouvement s’inspire toujours du Valjoux 7750 mais, à partir de ce modèle, tous les marqueurs Rolex (sur la couronne et le bracelet par exemple) disparaissent progressivement des chronographes Tudor. En 2000, Tudor ajoute l’inscription « Prince Date » sur le cadran. Et à la fin des années 1990 et au début des années 2000, Tudor commence à équiper ses chronographes du bracelet Jubilé et de bracelets cuir.

Retour sur le chronographe Black Bay

En 2011, Tudor introduit la Heritage Chrono 70330N. En 2013, une version « Monte Carlo » au cadran bleu/blanc/orange fait son apparition. Ces montres font référence à l’ancienne 7169 et sont équipées d’un mouvement ETA, complété d’un module de chronographe. Il s’agit d’une interprétation moderne des deux compteurs des années 1970, particulièrement bien accueillie par les journalistes spécialisés et les collectionneurs.

Cette année, Tudor a créé la surprise en introduisant un nouveau chronographe venant compléter leur célèbre collection Black Bay. Il se rapproche plus de l’Heritage Chrono que des Big Block et des séries 7100/7030, mais la disposition bicompax de ses compteurs, ses poussoirs vissés et l’absence de protège-couronne lui confèrent tout le charme du vintage. La lunette rappelle les Rolex Daytona 16520 et 116520. La configuration du cadran, avec ses deux compteurs et sa date à 6 heures, est caractéristique des chronographes Tudor des années 1970.

Tudor Heritage Black Bay Chrono
Tudor Heritage Black Bay Chrono, Photo : Bert Buijsrogge

La montre mélange clairement les styles, mais colle parfaitement à l’identité Tudor. Parmi les particularités de la nouvelle Tudor Black Bay Chrono, son mouvement résultant de la coopération de Breitling et Tudor. Il s’inspire du calibre B01 de la manufacture Grenchen. Il est intéressant de souligner que la Breitling munie du mouvement B01 la plus abordable coûte deux fois plus cher que le chronographe Tudor. Bien sûr, une montre ne se résume pas à son mouvement, mais il s’agit bien de son composant le plus onéreux. En échange, Breitling utilise à son tour le calibre conçu MT5613 par Tudor pour certains de ses modèles. Une décision intéressante et un hommage rendu au groupe Swatch, propriétaire d’ETA.

L’histoire des chronographes Tudor perdure avec les Tudor Heritage Chrono et Black Bay Chrono. Choisir entre les versions modernes ou les modèles vintage est une décision périlleuse qui relève des goûts de chacun.

En savoir plus sur Tudor

Tudor versus Rolex


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Robert-Jan Broer

Robert-Jan a fondé le magazine Fratello en 2004, consacré aux montres. Sa passion horlogère est bien plus ancienne. Pour se payer sa première montre mécanique - une …

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