04/24/2017
 3 minutes

Montres antimagnétiques

Par Christopher Beccan
Montres antimagnétiques

Montres antimagnétiques

La montre mécanique est l’une des plus belles prouesses mécaniques qui soit, bien qu’elle puisse être vue comme archaïque avec tous ses rouages et son spiral. En réalité, ces éléments prouvent que les montres font partie des machines les plus sophistiquées jamais créées par l’homme. L’intérieur d’une montre est bien plus complexe que ce que son aspect extérieur ou son usage laissent présager. Les montres mécaniques sont bien plus petites que la plupart des autres inventions de l’homme, ce qui les rend très fragiles. Elles sont constituées de ponts, d’un spiral et de multiples rouages parfaitement assemblés qui peuvent se détraquer au contact de forces invisibles extérieures.

Les chocs et les variations de température sont néfastes, mais la première cause de dérèglement des montres, invisible qui plus est, reste l’exposition aux champs magnétiques.

Champs magnétiques et performance chronométrique

Le magnétisme, qui fausse la performance chronométrique, est la bête noire des montres mécaniques depuis leur invention. Les champs magnétiques sont omniprésents dans notre monde moderne et le risque de magnétisation est d’autant plus grand. Les effets d’un champ magnétique, même faible, sont plus néfastes qu’il n’y paraît : il peut dérégler une montre, la faisant avancer de quelques secondes, tandis qu’un champ magnétique fort peut rendre votre garde-temps presque, voire complètement inutilisable. Mais où trouve-t-on ces champs magnétiques, me demanderez-vous ? Aujourd’hui, on les trouve partout : haut-parleurs, micros, ordinateurs et même dans nos téléphones portables.

Si les objets du quotidien peuvent à ce point causer du tort à nos chères montres, je n’ose imaginer la puissance des champs magnétiques auxquels sont exposés les ingénieurs et les scientifiques, et donc leurs montres. On ne sait pas bien qui a inventé quoi en matière de montres magnétiques, seulement que les toutes premières montres-bracelets antimagnétiques datent de la fin du XIXe siècle et qu’elles comportaient un roulement à billes.

Les ontres antimagnétiques d’hier et d’aujourd’hui

C’est vrai, l’inventeur de la première montre-bracelet antimagnétique n’a jamais pu être bien identifié. On sait cependant que la montre d’aviateur Mark XI d’IWC, présentée en 1948, fut certainement l’une des premières. Les années 1950 ont vu des marques comme Omega (avec la Railmaster), Rolex (avec la Milgauss) et même Jaeger-LeCoultre (avec la Geophysic) lancer leur propre version de la montre antimagnétique. Le mouvement de ces montres-instruments tout-terrain était enveloppé dans une cage de protection en fer doux, connu également sous le nom de cage de Faraday, pour contrer les effets du magnétisme.

La cage de Faraday est toujours utilisée, mais récemment, les matériaux utilisés en horlogerie se sont tellement améliorés que la plupart des montres mécaniques suisses répondent aux exigences minimales des normes antimagnétiques. Ceci étant, les horlogers produisent désormais des montres amagnétiques, encore plus performantes. Le garde-temps antimagnétique actuel d’Omega est la Seamaster Aqua Terra >15 000 gauss, résistante à 15 000 gauss et plus, mais surtout, elle accomplit cet exploit sans cage de Faraday. Le mouvement (calibre 8508) est entièrement constitué de matériaux non ferreux, d’où sa capacité à résister à des champs magnétiques puissants.

Rolex fait elle aussi partie des marques qui continuent à produire des montres antimagnétiques. En 1958, Rolex mettait au point la Milgauss, amagnétique à >1000 gauss (d’où son nom), en collaboration avec le CERN. La Milgauss continue à être produite aujourd’hui, assortie d’améliorations modernes. La montre est toujours dotée d’une cage de Faraday, mais renferme également les dernières innovations de Rolex, comme le spiral Parachrom et l’utilisation de matériaux non ferreux pour la réalisation du mouvement. Ainsi, la Milgauss résiste probablement aux champs magnétiques au-delà de 1000 gauss, mais Rolex a sans doute voulu rester fidèle au nom original.

Jaeger-LeCoultre Geophysic

Jaeger-LeCoultre Geophysic – Photo : © Bert Buijsrogge

Jaeger-LeCoultre a réussi un très beau coup en relançant la production de son garde-temps antimagnétique en 2014. La Geophysic 1958 en édition limitée emprunte beaucoup de son design à sa grande sœur, la Geophysic de 1958. Surtout, la nouvelle Geophysic 1958 est également amagnétique. Équipée du calibre 898/1 maison, qui peut résister à des chocs violents, la montre abrite comme son ancêtre vintage une enveloppe intérieure en fer doux qui protège le mouvement des champs magnétiques.


À propos de l'auteur

Christopher Beccan

Christopher Beccan a créé le magazine en ligne "Bexsonn" dans lequel il évoque régulièrement ses deux passions : les montres extraordinaires et le whisky. Il écrit …

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