Véritable icône de l’horlogerie, la Rolex Explorer a vu le jour il y a presque 70 ans. L’histoire de ce modèle est indissociable de la plus grande expédition menée sur le mont Everest au début des années 1950 et sponsorisée par Rolex. Le 29 mai 1953, le Néo-Zélandais Edmund Hillary et l’alpiniste népalais Tenzing Norgay sont les premiers à atteindre le plus haut sommet du monde. Selon la légende, Hillary aurait emmené une Rolex Oyster Perpetual à des fins de test lors de cette aventure périlleuse et celle-ci l’aurait accompagné sans dommage jusqu’à une altitude de près de 9 000 mètres. Cette montre, également connue sous le nom de « Pre-Explorer », a par la suite servi d’inspiration à ce que de nombreuses personnes considèrent comme la première Explorer (réf. 6350) présentée par Rolex plus tard en 1953.
Vint ensuite la référence 6610, une version légèrement modifiée de la référence 6350, que Rolex fabriqua entre 1955 et 1959. Le modèle suivant, référencé 1016, fut présenté en 1960 et produit durant 29 ans – de loin la plus longue durée de fabrication pour une Explorer. Si l’on peut classer ces premières références parmi les montres vintage, la référence 14270 présentée en 1989 est la première Explorer « moderne » à être dotée de caractéristiques telles qu’un verre en cristal de saphir et un calibre oscillant à 28 800 alternances par heure (A/h) – contre seulement 18 000 et 19 800 A/h pour les modèles antérieurs.
Présentée en 2001, la référence 114270 est équipée d’un calibre légèrement modifié ainsi que de « Solid End Links », c’est-à-dire d’attaches de bracelet constituées d’acier inoxydable massif et non de tôle d’acier comme c’était le cas auparavant. Entre 2010 et 2016, la manufacture genevoise a ensuite produit l’Explorer 214270. Outre un certain nombre de nouveautés techniques, cette référence est la première Explorer du marché à afficher un boîtier de 39 mm, contre 36 mm pour les modèles précédents. Rolex a cessé de produire ce modèle en 2021 et introduit deux nouvelles variantes comportant un certain nombre d’améliorations, mais à nouveau équipées du traditionnel boîtier de 36 mm. Autre nouveauté ayant rejoint le catalogue Rolex en 2021 : une Explorer bicolore en or et acier inoxydable référencée 124273.
De nombreuses personnes considèrent l’Explorer comme la montre sportive de luxe idéale, car sa polyvalence lui permet de s’adapter à toutes les situations. Investir dans cette montre s’avère donc presque toujours judicieux. Examinons de plus près les principales références.
Les Explorer vintage 6350 et 1016
Les exemplaires en bon état de l’Explorer 6350 produite entre 1953 et 1955 sont extrêmement rares et donc particulièrement prisés. Cette référence possède tous les éléments caractéristiques des modèles d’Explorer ultérieurs et contemporains : un boîtier Oyster de 36 mm de diamètre, l’emblématique bracelet Oyster, un cadran noir orné de chiffres arabes à 3, 6 et 9 heures ainsi qu’un triangle dirigé inversé à 12 heures.
Il existe différentes versions de cette référence. Certains exemplaires comportent de fines aiguilles bâton, d’autres les emblématiques aiguilles Mercedes encore employées de nos jours. Sur le marché, les modèles porteurs de cette référence sont tantôt dotés d’un cadran à la texture gaufrée (cadran « Honeycomb »), tantôt équipés d’un cadran laqué lisse. Difficile aujourd’hui de déterminer quand et pourquoi Rolex a utilisé la première ou la seconde variante. Cette référence bat au rythme paisible du calibre 775, un mouvement automatique déjà certifié chronomètre oscillant à 18 000 alternances par heure (A/h).
L’Explorer 1016 est beaucoup plus répandue, puisqu’elle a été produite pendant presque 30 ans, entre 1960 et 1989. L’écrivain Ian Fleming est l’un de ses plus illustres propriétaires, et il a même équipé son célèbre personnage James Bond d’une Rolex. D’après la description donnée par Fleming dans son premier roman, il s’agirait précisément de cette référence, même si l’agent secret sera finalement associé à la Submariner dans les films.
Les premières Explorer 1016 sont animées par le calibre 1560 labellisé pour la première fois « Superlative Chronometer Officially Certified » et oscillant toujours à 18 000 alternances par heure. Cette mention figure également sur le cadran des innombrables variantes d’Explorer 1016 ayant vu le jour au fil des ans. Comme toujours chez Rolex, leur design de base est identique, et seuls des petits détails différencient les modèles les uns des autres. L’une des différences les plus flagrantes est sans doute l’aspect de la couronne surplombant le nom Rolex sur le cadran. Elle est tantôt plus grande, tantôt plus petite. Certains modèles sont en outre équipés d’une minuterie de type « Chapter Ring ». Jusqu’en 1967, Rolex a par ailleurs utilisé des cadrans « Gilt », sur lesquels l’ensemble des inscriptions ainsi que les index des minutes sont gravés, ce qui leur donne une couleur dorée. La marque a aussi alterné entre des laquages mat et brillant lors de la production des cadrans.
À partir du milieu des années 1960, cette référence est équipée d’un calibre 1570 offrant une fréquence d’oscillation légèrement plus élevée de 19 800 alternances par heure. Rolex y ajouta un stop seconde dans les années 1970, puis le mouvement continua d’équiper la réf. 1016 sans subir de changement jusqu’à l’arrêt de sa production en 1989.
Sur Chrono24, il vous faudra débourser 45 000 € en moyenne pour vous offrir une Explorer 6350 d’occasion, contre un peu plus de 20 000 € pour une Explorer 1016. Si vous vous intéressez à l’un de ces modèles, n’hésitez pas à demander conseil à un expert en cas de doute. En effet, la plupart de ces garde-temps sont passés de main en main au fil des ans et ont souvent vu de nombreux horlogers. Or, l’authenticité est déterminante pour le maintien de la valeur et doit faire l’objet d’un examen approfondi.
Les Explorer réf. 14270, 114270 et 214270
1989 fut une année décisive pour l’Explorer, car Rolex y a présenté certaines modifications fondamentales qui l’ont fait entrer dans l’ère moderne. La manufacture a tout d’abord remplacé le verre de l’Explorer 14270, jusqu’alors constitué de plexiglas, par un verre en cristal de saphir inrayable. Les index figurant sur le cadran ne sont alors plus gravés, mais appliqués. Constitués d’or blanc 18 carats, ils ne sont plus recouverts de tritium mais de SuperLuminova à partir de la fin des années 1990. Les exemplaires produits par la marque jusqu’en 1991 sont surnommés « Blackout », car une couche de laque noire recouvre le SuperLuminova appliqué sur les chiffres 3, 6 et 9. Depuis 1994, la réf. 14270 est en outre la première Explorer dont les cornes ne sont pas percées, comme c’était le cas sur les modèles antérieurs.
Autre modification importante, cette fois à l’intérieur de la montre : Rolex a remplacé le calibre 1570 par le calibre 3000 offrant une fréquence moderne de 28 800 alternances par heure (A/h).
La marque a interrompu la production de l’Explorer 14270 en 2001 et l’a remplacée par la référence 114270, qui est restée dans le catalogue Rolex jusqu’en 2010 environ. Identique au modèle précédent sur le plan esthétique, cette référence est toutefois équipée du calibre 3130 dont certains éléments ont été légèrement modernisés. Le bracelet de l’Explorer 114270 est par ailleurs doté de barrettes massives et d’un fermoir Fliplock breveté par Rolex.
En 2010, Rolex fait preuve d’audace en présentant l’Explorer 214270, une variante mesurant 39 mm de diamètre. Si son design demeure inchangé, Rolex munit cette imposante Explorer d’un nouveau calibre. Le calibre 3132 est muni d’un amortisseur de chocs Paraflex ainsi que d’un spiral Parachrom bleu. Il est ainsi mieux protégé contre les chocs, les variations de température et les champs magnétiques importants. Le cadran de la référence 214270 comporte également une nouveauté : le traditionnel SuperLuminova y a été remplacé par le Chromalight, une matière luminescente émettant une lueur bleue. En y regardant de plus près, on s’aperçoit également que les aiguilles ont été légèrement rallongées. Rolex a cessé de produire cette référence en 2021.
Même si les prix de certaines montres de luxe sont en baisse depuis la mi-2022, la valeur de ces trois références évolue très positivement. À l’été 2022, il est ainsi possible d’acquérir une Explorer 14270 en parfait état avec ses accessoires pour moins de 10 000 €. Prévoyez toutefois le double de cette somme pour vous offrir un exemplaire orné d’un cadran « Blackout ». Comptez environ 8 500 € pour vous procurer le modèle suivant, référencé 114270, et environ 11 500 € pour une Explorer 214270 de 39 mm de diamètre.
Depuis 2021 : les Explorer 124270 et 124273
Concernant la taille de l’Explorer, Rolex a fait marche arrière en 2021 avec la référence 124270 actuelle. Le boîtier de ce modèle affiche ainsi de nouveau un diamètre plus raisonnable de 36 mm. Comme l’Explorer 114270, le modèle actuel présente un cadran laqué brillant et est presque identique à cette référence sur le plan visuel, conformément à la politique particulièrement prudente de Rolex en la matière.
Son mouvement offre toutefois de nouvelles fonctionnalités : muni d’un échappement Chronergy, le nouveau calibre 3230 dispose également d’une réserve de marche moderne de 70 heures. Rolex a par ailleurs fait sensation en présentant simultanément l’Explorer 124273. Quoique techniquement identique à la version en acier inoxydable, il s’agit de la toute première Explorer bicolore constituée d’acier inoxydable et d’or jaune.
Les nouvelles références sont presque impossibles à trouver chez les revendeurs officiels et les listes d’attente sont longues. Cela se répercute sur les prix affichés sur Chrono24 : prévoyez ainsi un budget d’environ 9 500 € pour une Explorer 124270 à l’état neuf avec coffret et papiers, malgré son prix conseillé de 6 650 €. Le prix du modèle bicolore avoisine quant à lui les 13 000 € (PPC : 10 400 €).