Si vous vous y connaissez un peu en montres, vous avez forcément entendu parler de l’Audemars Piguet Royal Oak. Et de Gérald Genta, son inventeur. Mais saviez-vous que Genta détestait la Royal Oak Offshore ? Et saviez-vous que, pendant longtemps, la Royal Oak Offshore n’a été pas à la hauteur du succès escompté par la marque ? L’Audemars Piguet Royal Oak est évidemment l’une des montres les plus populaires et les plus iconiques de tous les temps, mais l’Audemars Piguet Royal Oak Offshore a dû faire ses preuves avant d’en arriver à ce stade. Nous vous en disons plus sur les Royal Oak et Royal Oak Offshore en mettant en lumière leur histoire commune.
L’histoire de l’Audemars Piguet Royal Oak
L’histoire débute avec l’Audemars Piguet Royal Oak « Jumbo », introduite en 1972. À l’époque, la Royal Oak en imposait avec son grand boîtier (« Jumbo ») de 39 mm de diamètre, son large bracelet intégré et son look industriel très technique. Dans un univers largement régi par des montres habillées plutôt discrètes, elle se démarquait immédiatement. Pour couronner le tout, la Royal Oak était chère. Censée sauver Audemars Piguet de la crise du quartz, ce garde-temps en faisait beaucoup trop pour la frange raffinée des amateurs. Et au début, il faut bien avouer que c’était le cas. La montre en acier inoxydable coûtait alors 3 300 CHF, soit plus qu’une Patek Philippe habillée et dix fois plus qu’une Rolex Submariner.
L’Audemars Piguet Royal Oak sous toutes ses formes
Mais elle n’était pas uniquement extraordinaire du fait de son prix. Avec son design, Genta a exploré plusieurs formes, matériaux, mécanismes et exécutions, pour créer une toute nouvelle catégorie de montres. Le garde-temps en acier avec bracelet intégré est devenu extrêmement populaire et a même posé les bases de la montre sportive de luxe en acier. Comme la plupart d’entre vous le savent, Genta a également dessiné la Patek Philippe Nautilus et l’IWC Ingenieur. En observant ces trois montres, vous vous rendrez compte que le designer suisse a fait preuve d’une réelle intelligence en explorant trois formes de lunette symétrique relativement rudimentaires qui définissent les garde-temps.
La magie du concept Royal Oak
Genta utilise une lunette octogonale pour la Royal Oak, une lunette carrée pour la Nautilus et une lunette arrondie pour l’Ingenieur. Cette exploration des différentes formes montre tout le génie de Genta qui ne cherchait pas uniquement à créer une jolie montre - un point qui a d’ailleurs beaucoup fait débat lors de son introduction -, il a conceptualisé le design pour l’ériger à un niveau supérieur. La magie de l’Audemars Piguet Royal Oak réside dans sa triade de composants clés. Premièrement, sa lunette octogonale avec son look industriel et ses vis saillantes. Deuxièmement, son bracelet intégré. Troisièmement, la finesse de la montre qui la rend très agréable à porter. Ce troisième élément est un aspect crucial mais souvent ignoré dans la construction de la Royal Oak Offshore.
Audemars Piguet : ciselée à la perfection
Genta et Audemars Piguet ont également expérimenté les matériaux, les mécanismes et les options d’exécution pour parvenir au meilleur concept possible. Audemars Piguet avait par ailleurs besoin d’un mouvement ultra-fin, et ce fut chose faite avec le calibre 2121, devenu légendaire auprès des amateurs de montres. Ce mouvement joliment travaillé ne fait que 3,05 mm d’épaisseur pour une largeur totale de seulement 7 mm pour la « Jumbo ». Pour les deux prototypes, Audemars Piguet a eu recours à de l’or blanc plutôt que l’acier inoxydable des modèles finalement produits. Le résultat final a coupé le souffle de bon nombre de visiteurs du salon de l’horlogerie de Bâle en 1972, pour finalement devenir l’un des designs les plus emblématiques de toute l’industrie.
L’héritage de l’Audemars Piguet Royal Oak « Jumbo »
Cinquante ans après son introduction, la Royal Oak de Gérald Genta n’est pas seulement l’une des montres les plus reconnaissables qui existent, c’est aussi l’une des plus populaires. Plus tôt dans l’année, Audemars Piguet a introduit une toute nouvelle collection Royal Oak. Parmi les changements majeurs, de nouveaux mouvements ont été introduits. Une étape logique, les nouveaux mouvements représentant l’avenir de ces garde-temps pour les années à venir. Ce qui est également remarquable, c’est que l’équipe de conception d’Audemars Piguet n’a apporté aucun changement significatif à la Royal Oak. Bien que les petites mises à jour effectuées par la marque ne soient pas passées inaperçues auprès des connaisseurs et des fans, le concept et le design brillants de Genta sont restés presque intacts. Une réussite à souligner, cinquante ans après sa création.
Audemars Piguet Royal Oak Offshore
Mais ça ne veut pas dire qu’Audemars Piguet n’a pas essayé d’étendre sa collection Royal Oak. En 1989, le directeur associé chez Audemars Piguet, Stephen Urquhart, a demandé à Emmanuel Gueit, un designer de 22 ans, de créer une nouvelle version d’Audemars Piguet Royal Oak qui puisse plaire à un public plus jeune. Pour réussir cette mission, Gueit s’est mis dans l’idée de créer « la » montre masculine par excellence en augmentant ses proportions : plus large, plus grande, plus épaisse. En outre, il a repris le concept de la Royal Oak de Genta en y ajoutant une approche déconstruite du célèbre design comme principale esthétique de l’Audemars Piguet Royal Oak Offshore. La montre a été créée et assemblée avec un joint en caoutchouc massif et des vis sur la lunette. Résultat : une montre en acier inoxydable de 42 mm de diamètre et de 16 mm d’épaisseur. Avec son bracelet massif en acier inoxydable, on avait là une version audacieuse de la Royal Oak classique, plus extrême. Avec ses 42 mm, cette montre était grande pour son époque, ce qui lui a valu le surnom de « The Beast ».
Pourquoi l’Audemars Piguet Royal Oak Offshore s’est attirée les foudres de Gérald Genta
Mais Urquhart lui-même a reconnu que le pari de s’attaquer à l’emblématique Audemars Piguet Royal Oak était osé et que tout le monde ne le verrait pas d’un bon œil. C’est pourquoi, il a reculé son introduction de quelques années pour finalement la présenter au Baselworld de 1993. Bon nombre d’amateurs furent déçus par la nouvelle Royal Oak Offshore. Et Genta dans tout ça ? Dans une interview accordée quelques années plus tard, Gueit raconte que Gérald Genta a envahi le stand en hurlant que sa Royal Oak avait été complètement détruite. Est-ce le cas ? Tout est une affaire de goûts. Ce qui est sûr c’est qu’au fil du temps, la Royal Oak Offshore est elle aussi devenu un succès commercial pour Audemars Piguet. Au pic de l’engouement pour les grandes montres, l’Offshore faisait partie des modèles les plus demandés. Autre fait intéressant, la Royal Oak Offshore est le tout premier chronographe Royal Oak puisque la Royal Oak Chronographe ne fut introduite qu’en 1997, soit quatre ans après la sortie de l’Offshore.
L’héritage de la Royal Oak Offshore face à la Royal Oak « Jumbo »
Près de trente ans après son lancement, l’Audemars Piguet Royal Oak Offshore a lentement gagné ses jalons. Surtout la première référence 25721ST, que nous connaissons sous le nom de « The Beast », qui est devenue un classique très apprécié. Cette popularité a également entraîné une augmentation progressive mais constante des prix. Alors que la Royal Oak ordinaire d’Audemars Piguet et les références Royal Oak « Jumbo » ont vu leur prix grimper en flèche ces dernières années, puis baisser au début de cette année, les prix des modèles Royal Oak Offshore ont progressivement augmenté au fil du temps, sans montrer aucun signe de baisse. Pour vous donner une idée, « The Beast » se vend actuellement entre 30 000 et 45 000 €, selon son état.
Pour conclure, il est amusant de constater que l’Audemars Piguet Royal Oak « Jumbo » et l’Audemars Piguet Royal Oak Offshore étaient toutes taxées d’audacieuses à leur sortie. Mais alors que la Royal Oak « Jumbo » a peu à peu conquis le cœur de la communauté, la Royal Oak Offshore continue de diviser, même si l’on peut dire que de plus en plus de passionnés la reconnaissent clairement pour son importance historique. Bien qu’elle ne soit toujours pas adaptée à tout le monde, la version extrême du classique imaginé par Genta est elle aussi devenue une icône de l’horlogerie.