Lorsque vous pensez à une montre-bracelet, vous avez probablement en tête une image bien précise qui ressemble à cette description : un cadran plus ou moins rond dont le bord est ponctué de 12 repères correspondant aux heures et, au centre, deux à trois aiguilles pour les heures, les minutes et éventuellement les secondes.
Dans cet article, nous allons toutefois nous intéresser aux montres qui ne suivent pas du tout cette manière de représenter le temps - et je suis prêt à parier que vous vous étonnerez des nombreuses possibilités innovantes permettant d’assurer l’affichage de l’heure.
Les montres à une aiguille, un retour aux sources
Les montres à une seule aiguille connaissent un regain de popularité depuis le début des années 1990 grâce à des marques comme Botta, Neuhaus ou Meistersinger. Tout comme les cadrans solaires de l’Antiquité, ces horloges indiquent simplement les heures qui se sont écoulées depuis le début de la journée. La graduation est toutefois assez approximative : la plupart du temps, les montres à une aiguille indiquent l’heure par intervalles de 5 minutes. Il existe toutefois également des modèles indiquant uniquement les heures piles ou sur lesquels la graduation est totalement absente.
Le mouvement lent mais constant de l’aiguille des heures et le fait qu’un tel garde-temps indique « presque 15 h » et non précisément 14 h 58 peut avoir un effet très relaxant, qui risque de plaire aux personnes dont le quotidien bien rempli est planifié à la seconde près.
Le principe de la montre à une aiguille n’est toutefois pas nouveau. L’affichage de l’heure à l’aide d’une seule aiguille était même la norme jusqu’au début du XVIIe siècle environ. Horloge de clocher, comtoise ou montre de poche, elles n’indiquaient généralement que les heures. Deux raisons expliquent cette particularité : la première est qu’à l’époque, il n’était pas nécessaire d’afficher l’heure à la minute près. La seconde est que la technique correspondante n’en était qu’à ses débuts et que les écarts de marche étaient bien trop importants pour pouvoir prétendre à une précision d’une minute. Il faudra attendre le début de l’industrialisation pour que les montres à une aiguille soient lentement remplacées par les montres à trois aiguilles que nous connaissons.
Les montres à une seule aiguille ne sont donc pas une invention récente et branchée, mais bien les témoins d’une longue tradition horlogère.
Les montres à affichage régulateur, partenaires privilégiées des chercheurs
Tout comme les montres à une seule aiguille, les garde-temps à affichage régulateur font hausser les sourcils au premier abord. Elles ne possèdent généralement également qu’une seule aiguille centrale, celle des minutes pour être précis. Les heures et les secondes se lisent de manière décentralisée sur des cadrans auxiliaires.
Les régulateurs étaient des montres particulièrement précises que les horlogers utilisaient autrefois comme référence pour régler d’autres montres – d’où leur nom. Depuis les années 1960, ces régulateurs particulièrement précis font également partie de l’équipement des laboratoires scientifiques, dans lesquels une mesure exacte du temps est requise. Ces montres indiquent séparément les heures, les minutes et les secondes pour une meilleure visibilité. Cette forme d’affichage a ensuite progressivement trouvé sa place dans l’univers des montres-bracelets.
Nombreuses sont les marques proposant actuellement des montres à affichage régulateur. L’Hamilton Jazzmaster Regulator Automatic est un bon exemple de régulateur d’entrée de gamme. Ce garde-temps en acier inoxydable de 42 mm de diamètre est une montre habillée classique et élégante sur laquelle les heures et les secondes sont représentées sur des cadrans auxiliaires asymétriques. Le totalisateur des heures se trouve ainsi à 10 heures et la petite seconde à 5 heures.
À l’autre extrémité du spectre des régulateurs se trouvent des montres telles que la Patek Philippe 5235/50R de la collection Complications. Le calibre de manufacture 31-260 REG QA dote ce garde-temps en or rose à la fois d’un affichage régulateur et d’un quantième annuel. Patek accordant une grande importance à la symétrie dans le design de son cadran, les cadrans auxiliaires des heures et des secondes se trouvent à 6 et 12 heures. Le cadran auxiliaire à 6 heures accueille également le guichet de la date, tandis que le jour de la semaine et le mois en toutes lettres sont affichés respectivement à 10 heures et à 2 heures. Cette montre au look classique est complétée par des aiguilles fines rappelant des aiguilles à coudre ainsi qu’une minuterie chemin de fer.
L’affichage numérique n’est pas réservé aux montres à quartz
Le concept d’affichage numérique vous fait probablement immédiatement penser aux montres à quartz des années 1970 et 1980, et à juste titre. Il existe toutefois un grand nombre de montres mécaniques à affichage numérique. Un affichage numérique n’est en effet pas forcément synonyme d’écran LCD, dont sont par exemple munies les montres rétro de Casio ou de Seiko que l’on retrouve actuellement à tous les poignets. Dans ce contexte, numérique signifie que l’on utilise un nombre limité et préalablement défini de chiffres pour afficher une information, dans notre cas l’heure.
La montre mécanique à affichage numérique la plus connue est certainement la Zeitwerk, sortie tout droit des ateliers suisses de la manufacture A. Lange & Söhne. Le cadran est dominé par deux grands guichets à 3 et 9 heures dans lesquels trônent des chiffres arabes : le totalisateur de gauche indique les heures et celui de droite les minutes. Le calibre de manufacture L043.1 étant doté d’un mécanisme de chiffres sautants, l’affichage « saute » littéralement au chiffre suivant à la manière d’un écran LCD. Dotée d’une aiguille traditionnelle qui glisse tranquillement sur le cadran, la petite seconde à 6 heures offre un superbe contraste avec le reste de l’affichage.
La Zeitwerk est d’ailleurs inspirée de la célèbre horloge de cinq minutes de l’opéra Semper de Dresde, développée en 1841 par Friedrich Gutkaes et indiquant l’heure par tranches de cinq minutes dans le célèbre opéra.
L’Omega De Ville Prestige Jumping Hour est également une montre mécanique avec affichage numérique de l’heure, du moins en partie : l’horloge de forme tonneau possède un guichet à 12 heures qui, comme son nom le laisse entendre, indique les heures sous forme de chiffres sautants. Sur la De Ville Prestige Jumping Hour, les minutes peuvent toutefois être consultées à l’aide d’une aiguille centrale, une caractéristique inspirée du régulateur.
D’autres formes innovantes d’affichage de l’heure
Si les alternatives présentées jusqu’à présent remontent à plusieurs décennies ou siècles, il existe également des concepts d’affichage de l’heure plutôt nouveaux et innovants. L’un des précurseurs dans ce domaine est sans aucun doute la manufacture suisse Urwerk.
Les montres de la marque semblent tout droit sorties d’un film de science-fiction et leur affichage satellite futuriste y est pour beaucoup. Celui-ci fonctionne de la manière suivante : les montres possèdent une échelle des minutes en demi-cercle représentant les 60 minutes d’une heure complète. La manufacture utilise des bras dits satellites, au nombre de trois ou quatre selon le modèle, en guise d’aiguilles. À chaque heure est associé un bras chargé de pointer les minutes sur l’échelle. Une fois que celui-ci a accompli sa tâche, le bras suivant prend le relais.
Les heures sont quant à elles affichées par le biais des satellites qui ont donné leur nom au mécanisme. Ces derniers sont placés sur des bras et se présentent sous la forme de disques ou de parallélépipèdes mobiles. Chaque satellite est paré d’une série de chiffres qui représentent l’heure : une fois qu’un bras de satellite a fini son tour sur l’échelle des minutes, les satellites correspondants avancent d’un chiffre. Si ce principe peut sembler relativement complexe au premier abord, il est en réalité très simple.
HYT est un autre fabricant de montres proposant un affichage de l’heure très innovant. La marque équipe ses montres de la technologie dite Meca Fluidic, qui représente les heures écoulées au moyen d’un liquide coloré pompé à travers un tube fin. Les deux pompes nécessaires à cet effet sont bien visibles sous le cadran squeletté et rappellent les cylindres d’un bloc moteur. Pour indiquer les minutes, HYT recours toutefois à une aiguille centrale classique.
Ma conclusion
Notre petit voyage dans l’univers de l’affichage de l’heure touche à sa fin et vous avez pu constater que de nombreuses montres s’éloignent des trois aiguilles centrales habituelles. Les régulateurs, les montres à une seule aiguille et les montres à affichage satellite ou liquide sont des alternatives fascinantes venant apporter une touche d’originalité bienvenue. Avons-nous réussi à éveiller votre intérêt ? Qui sait, votre prochain garde-temps sera peut-être équipé de l’un de ces affichages de l’heure pour le moins étonnants !
