11/30/2016
 5 minutes

Conseils pour choisir sa montre : résistance à l’eau

Par Robert-Jan Broer
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Seamaster Teaser

Même si vous n’avez pas prévu de faire de la plongée, d’aller à la piscine, de laver votre voiture ou de faire la vaisselle avec votre montre, la résistance à l’eau est un paramètre à prendre en compte au moment de l’achat.

Votre montre ou le manuel qui l’accompagne indique peut-être que la résistance à l’eau de votre garde-temps est de 30 m / 3 ATM ou même de 50 m / 5 ATM, mais cela ne signifie pas que vous pouvez plonger à 30 ou 50 mètres avec. La résistance à l’eau n’est malheureusement pas si facile à déterminer. Cet article devrait vous aider à y voir plus clair.

Voici pour commencer un tableau récapitulatif des valeurs communément admises de la résistance à l’eau et leur signification :

Degré de résistance à l’eau Usage
< 50 mètres Aucune activité aquatique (nage, plongée, plongée avec tuba, surf ou autre)
50 mètres Nage uniquement
100 mètres Nage et autres sports aquatiques à l’exception de la plongée (tuba, bouteille, etc.)
200 mètres Nage, plongée (sauf plongée en bouteille)
> 300 mètres Nage, plongée, plongée en bouteille

Bien sûr, il existe toute une gamme de montres dont la résistance à l’eau est exceptionnellement élevée : 500, 1000, 2000 mètres, voire plus (par exemple 3 900 mètres pour la Sea-Dweller Deepsea de Rolex). Ces montres se prêtent bien à la plongée à saturation, une technique qui permet aux plongeurs professionnels de travailler à de grandes profondeurs, avec un risque réduit d’accident de décompression.

Alors pourquoi une montre indique-t-elle une résistance à l’eau de 30 ou 50 mètres alors qu’elle n’est pas adaptée à la plongée ? Il s’agit en fait d’une norme en horlogerie qui indique ce qu’est capable d’endurer votre montre, qu’il s’agisse d’eau ou d’humidité, mais aussi de poussière. Votre montre est-elle étanche, possède-t-elle une couronne étanche (les montres de plongée disposent généralement d’une couronne vissée ou d’une autre solution technique pour garantir leur étanchéité), un fond vissé ou un boîtier monobloc ?

Si votre montre a été correctement étanchéifiée avec des joints, ce qui est capital, elle affichera logiquement un niveau de résistance à l’eau de 30 mètres. Vous pourrez la porter sous la pluie et la poussière ne passera pas dans la couronne et le fond du boîtier. En revanche, il vous faudra la retirer lorsque vous faites la vaisselle. Des éléments autres que les joints existent pour améliorer la résistance à l’eau des montres.

Le boîtier doit être capable de résister à la pression, mais aussi de supporter les effets de l’eau, notamment de mer, pour éviter la corrosion. On pourrait pour cela avoir recours aux métaux précieux si ceux-ci n’étaient pas aussi coûteux et s’ils affichaient une plus grande dureté (effet de la pression, risque de choc). Souvent donc, les fabricants se tournent vers l’acier inoxydable et le titane. La structure du boîtier est elle aussi à prendre en compte : certaines marques n’hésitent pas à fabriquer des boîtiers d’un seul bloc (voir la Seiko Marinemaster 300 ou la Omega Seamaster 600M vintage, dite « Ploprof ») ou à équiper leurs pièces de valves à hélium. Cette technologie est particulièrement utile pour la plongée à saturation. En effet, si de l’hélium pénètre dans le boîtier sous une pression élevée, il doit en ressortir avant que la montre ne soit à nouveau exposée à une pression normale. Si tel n’est pas le cas, la différence de pression entre l’intérieur et l’extérieur de la montre sera trop grande et entraînera l’explosion du verre et d’autres dommages. La Rolex Sea-Dweller et l’Omega Seamaster 300M disposent toutes les deux d’une valve à hélium, automatique chez Rolex, et opérée par une couronne supplémentaire située à 10 h chez Omega.

Pour empêcher la montre de prendre l’eau, ou de se détériorer au contact de la poussière ou de l’humidité, la couronne joue un rôle primordial. Rolex fit breveter la couronne vissée au milieu des années 1920, même si la marque n’est pas à l’origine de cette invention. En 1927, tous les regards se tournèrent vers Rolex lorsque Mercedes Gleitze traversa la Manche à la nage avec au poignet, une montre baptisée « Oyster », du fait de son boîtier hermétique. Omega fut également parmi les premières à proposer des montres étanches, notamment avec sa montre de plongée Omega Marine. Ces montres firent la gloire de leurs fabricants bien avant l’avènement des modèles Submariner et Seamaster, qui datent des années 1950. D’autres marques usent de stratégies techniques ou « maison » pour « verrouiller » la couronne de remontoir sur la montre. Panerai, qui entretient une collaboration historique avec la Marine italienne, recourt à un système de levier qui pousse fermement la couronne contre le boîtier. U-Boat et Visconti appliquent des méthodes originales similaires pour garantir l’étanchéité au niveau de la couronne.

Certaines montres de plongée possèdent des complications, comme la fonction chronographe. En 1993, le chronographe Omega Seamaster Professional 300M fut le premier modèle à être équipé de poussoirs qui pouvaient être actionnés sous l’eau. En général, les poussoirs des chronographes ne peuvent pas être utilisés sous l’eau et doivent être dévissés avant toute plongée. Le chronographe Audemars Piguet Royal Oak et la Rolex Daytona en sont des exemples. Si vous souhaitez porter votre chronographe dans l’eau, vérifiez bien que celui que vous souhaitez acquérir sera en mesure de supporter le choc.

À l’heure actuelle, les montres de plongée sont plus une affaire de style. Les grandes marques l’ont bien compris et proposent pour la plupart un catalogue très complet. La majorité de ces modèles sont conçus pour être portés sous l’eau, mais certaines marques vont plus loin en faisant certifier leurs montres de plongée. La marque allemande Sinn Spezialuhren met en avant l’idée que « la fonction précède la forme ». Elle est d’ailleurs connue pour ses innovations en matière de déshumidification, de résistance à l’eau, de dureté des matériaux, etc. Sinn fut la première société à se conformer aux normes européennes sur les équipements de plongée et la première également à faire certifier ses montres de plongée pour leur résistance à la pression, à l’eau et à l’humidité.

Montre de plongée Sinn

Montre de plongée Sinn – Photo : Auctionata

En conclusion, même si vous ne prévoyez pas de porter votre montre lorsque vous partez en plongée, le simple fait de vouloir à l’occasion la porter en nageant, en vacances par exemple, doit vous suffire à prendre très au sérieux son niveau de résistance à l’eau.


À propos de l'auteur

Robert-Jan Broer

Robert-Jan a fondé le magazine Fratello en 2004, consacré aux montres. Sa passion horlogère est bien plus ancienne. Pour se payer sa première montre mécanique - une …

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